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Parc national de la Comoé/
retour à la genèse pour éviter l’apocalypse !

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Après les années d’un braconnage excessif et de violation de l’air protégé il y’a quelques années, le parc national de la Comoé dans le nord-est de la Côte d’Ivoire a commencé à renaître depuis l’année 2016-2017.
C’est le constat opéré au sortir d’un éductour, voyage de familiarisation et de rodage d’un circuit de promotion et d’information réalisé par Côte d’Ivoire Tourisme, l’Office nationale de promotion de la destination ivoirienne, en collaboration en collaboration avec l’Office ivoirien des parcs et réserves (Oipr) du 29 novembre au 4 décembre.

Avec les dernières statistiques fournies par les experts, le tourisme d’aventure et l’écotourisme s’affichent comme une mine à exploiter pour maintenir le cap du rebond observé avec la mise en œuvre du projet « Sublime Côte d’Ivoire », une stratégie nationale de développement du secteur sous la férule du ministre du Tourisme et des Loisirs, Siandou Fofana.


650 espèces végétales et 1000 animales sur « La Route des Rois »


Le Parc national de la Comoé compte-t-il plus de 650 espèces végétales, plus d’un millier d’espèces animales dont plus de 500 familles d’oiseaux, 150 de mammifères, 35 d’amphibiens, 75 de reptiles, 70 de poissons et ressources halieutiques. Même si pour l’heure, dans une période transitoire, un recensement exhaustif ne peut être établi.
Bien plus, d’Abidjan au Parc pour découvrir la riche faune et luxuriante flore, du reste patrimoine mondial et réserve de biosphère de la planète depuis 1983, à cheval sur 3 régions (Boukani, Tchologo et Hambol), 6 départements (Bouna, Tehini, Doropo, Nassian, Kong, Dabakala) et 20 sous-préfecture sur une superficie de 1.150 000 hectares soit 11 150 km2, en pleine transition entre savane et forêt, nous avons pu s’abreuver à la source d’un chapelet de sites et d’activités culturelles et cultuelles sur le parcours.

Toutes richesses qui intègrent, à l’envi, le projet de la « Route des Rois » contenu dans « Sublime Côte d’Ivoire ». Il s’agit notamment des sites des monts Mafa-Mafa (Bécédi-Brignan, Adzopé) ; les prêtresses kômian d’Ananssuié et la Cour royale de l’Indénié avec son musée des attributs royaux à Abengourou ; Bondoukou, la ville aux mille mosquées, les silures sacrés de Gbokoré (Tanda), la danse des nobles ouObidombié à Assuefry ; le village de Soko où les singes partagent le quotidien des habitants ; la poterie artisanale et les coutumes du peuple dêgadans le village de Motiamo…
Au total, des étapes d’un circuit de rêve, mêlant cultures, cultes et traditions, nature, artisanat et art culinaire avant la grande aventure au parc de la Comoé, pour boucler la boucle via un tourisme à visage humain dans le Boukani, à Bouna. Où à la faveur du Festival des danses du Boukani (Festibo), le concept d’hébergement chez l’habitant a montré qu’il est opératoire.


Confiance « Hommes/Animaux » rétablie: seul le roi-lion manque à l’appel


Pour revenir au Parc, principale attraction de l’Eductour, il faut noter que, fondé en 1953 sous le nom de Réserve de Bouna, il a pris définitivement le nom de « Parc national de la Comoé », du nom du fleuve qui le traverse du nord au sud, en 1968. Dans les années 1970/80, il était très prisé par les touristes du monde entier, pendant la période considérée comme celle de l’âge d’or du tourisme ivoirien. Seulement, depuis la crise militaro-politique déclenchée le 19 septembre 2002, la situation a été chaotique. Car le parc qui avait été reconnu comme un site du patrimoine mondial en raison de la diversité de son écosystème, fut dès 2003, déclaré site du patrimoine mondial en péril en raison du braconnage, du pâturage exagéré du parc par le bétail, et de l’absence de gestion. Mais, progressivement, avec la paix revenue et les actions pragmatiques de l’Oipr sous la houlette du colonel AdamaTondossama, son directeur général, avec le concours de partenaires internationaux, notamment la Coopération allemande qui y a rénové son Centre de recherche écologique, le Parc revit une jouvence. Ainsi, comme l’affirme le chercheur espagnol du Centre de recherche écologique allemand, Juan Lapuente, « Le pacte de confiance entre hommes et animaux s’est rétabli et les animaux qui, faut-il le noter, ont de la mémoire, notamment les grands mammifères comme les éléphants, commencent à se faire revoir ». Car s’il est établi depuis sa création qu’on y trouve des singes babouins, patas, vervets (ou singes verts), des antilopes bubales, hippotragus, cobes de Buffon, ourébis, des phacochères (et une diversité de porcs sauvages), des buffles, des hippopotames, autant d’espèces, faut-il insister, aperçues au cours de notre randonnée de plus de 120 kilomètres dans la jungle, et des éléphants qui sont badgés pour être facilement localisés, et ce, sans compter avec les différents rongeurs et autres reptiles, ce spécialiste de la préservation des chimpanzés qui a travaillé deux années durant au Parc de Taï, nous a permis de visionner un résumé de quelque 80 000 vidéos des caméras cachées dans le parc, montrant l’existence de fortes colonies de chimpanzés. Ce qui est une découverte exceptionnelle ! D’autant plus qu’à l’instar de leurs « cousins de Taï » qui ont développé la technique de concassage des graines à l’aide de pierres, ceux de la Comoé, ont développé des outils tels que la canne à capture d’insectes, de récipients pour s’abreuver dans les creux d’arbre en saison sèche ou encore de techniques habiles pour la cueillette de fruits.


L’espoir est permis


En outre, des félins comme les panthères et léopards ont été aperçus. Même que, comme dans les années 1960, chaque nuit, on y entendrait selon plusieurs témoignages, rugir le lion, sans qu’aucune des 80 caméras disséminées dans le parc n’ait pu encore en capter l’image d’un seul. Il en est de même pour la girafe dont des signes évidents de présence sont suivis à la loupe par les chercheurs et les agents des Eaux et forêts détachés à l’Oipr. Mais aussi par les populations riveraines du Parc, désormais partie intégrante de la renaissance de ce paradis écologique. Tous voulant proscrire à jamais le braconnage mais aussi et surtout l’orpaillage clandestin, sous le sceau du tourisme inclusif et de l’éco-citoyenneté.

ADAM SHALOM

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