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MODE / Rencontre avec l’accessoiriste CHA KANE, artiste autodidacte

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Fraichement élue membre de la très sélecte Association des créateurs de mode de Côte d’Ivoire (ACM-CI), Cha Kane tisse tout doucement sa toile dans le milieu de la mode. D’accessoiriste à styliste, elle est en train d’asseoir sa marque. Présentation !

7 mars 2020, Hôtel AzalaÏ Abidjan. Parmi les couturiers qui ont rejoint le collège très serré et sérieux de l’Association des créateurs de mode de Côte d’Ivoire (ACM-CI), il y a Cha Kane. Cette jeune fille fait plutôt mannequin mais elle possède des doigts experts et la tête pleine. Devant les ministres de la culture de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso, le ministre de l’artisanat représentant l’ancien Premier Amadou Gon Coulibaly et les sommités de la mode africaine, Cha Kane est officiellement intronisée créatrice. « L’année avait très bien démarré pour moi. Rejoindre le collège des créateurs de Côte d’Ivoire a été une très grande joie. Quelques jours après cette consécration, j’ai participé au défilé du Marché des arts du spectacle d’Abidjan (MASA) », dit-elle avec un peu de regret dans la voix puisque après l’évènement culturel mondial, la pandémie du nouveau coronavirus a tout bloqué.

Cha Kane est accessoiriste. Elle invente tout à partir du pagne. Colliers, barrettes, sacs à mains, chaussures, chapeaux étoffent son atelier de création à Cocody-Riviera 2. Mais, elle franchit vite le pas pour devenir styliste en réalisant des patrons qu’elle propose à son couturier personnel. Autodidacte, elle se lance à son rythme dans le métier. Elle se forme sur internet et prend des conseils pratiques auprès des ainés dans le milieu. « Sans la mode, il n’y a pas de vie. C’est la mode qui sublime tout le monde », soutient-elle. Cha Kane excelle aujourd’hui dans la confection du vêtement tradi-moderne avec un accent sur le mélange de pagne tissé et tu tissu. Sa griffe est mixte et s’étend même aux enfants. Que ce soit des tenues de ville ou de soirée en passant par les tenues de mariage, elle tire bien son épingle du jeu.

C’est par un hasard de circonstance que Cha Kane se retrouve dans la mode et est aujourd’hui créatrice. Découverte par Davis Appiah de l’agence de mannequinat Pulsar dont elle sera plus tard égérie. « Davis m’a couru après dans la rue en criant mademoiselle, mademoiselle… Quand on s’est rencontré, il a dit qu’il veut de moi dans son agence car j’ai une belle taille. J’ai refusé et il a insisté », dévoile-t-elle. Après, elle a décidé d’aller voir. « Petit à petit, j’ai pris goût à la chose », dit-elle. En 2005, elle est modèle chez Pulsar. Sa belle forme et sa grande taille (1m82) sont les atouts qui ont milité en sa faveur.

Après un BTS en communication d’entreprise, Cha Kane travaille dans une entreprise en tant qu’assistante de direction. Pour rester unique, elle propose elle-même ses modèles de vêtement à son couturier. « Je dessinais mes modèles que je soumettais à mon couturier dans mon quartier. En 2007, il m’a demandé de racheter son atelier car il voulait partir en aventure. Ce que j’ai refusé car je ne savais pas ce que j’allais en faire. Il a insisté et finalement, j’achète l’atelier juste pour l’aider. Je l’avais fait par humanisme car il tenait à aller en aventure», révèle Cha Kane. En effet, tout se concrétise quand, à son service, ses collègues et même ses amies demandaient celui qui l’habillait. « Je disais que c’était moi-même », dit-elle avec le sourire. Et de préciser : « Il y avait une cérémonie au Palais de la culture où on m’a donné des uniformes à faire. C’est comme ça que j’ai eu mon premier marché. Quand j’ai pris mon chèque, j’ai dit waouh, donc, on peut avoir de l’argent dans la couture ! C’est comme ça que j’ai commencé véritablement à m’intéresser à  la couture. »

Petit à petit, elle s’oriente vers la réalisation de vêtements avec bien entendu la complicité de son couturier. Quelque temps après, elle déménage dans un espace plus grand et équipe son atelier de nouvelles machines. « J’ai approché des gens dans la mode qui m’ont guidé et j’ai commencé à apprendre. J’ai commencé par les accessoires et par la suite, je suis devenue styliste. Juste qu’à ce que je démissionne de mon boulot en 2010. Je voudrais mon indépendance et avoir le temps de concentrer à mon métier », soutient Cha Kane. Le sérieux avec lequel elle travaille lui apporte une clientèle de plus en nombreuse. Elle délocalise à nouveau et agrandit son entreprise. C’est comme ça qu’est né Le Filon Mode, une succursale du groupe Le Filon dont le siège est à Cocody-Riviera 2 en face à la cité universitaire.

Avant d’arriver dans la mode, Aichata Kané à l’état-civil, gérait un chic restaurant à Cocody-Riviera 3 et qu’elle a baptisé Le Filon Bar Karaoké. Elle est aussi la promotrice d’un évènement de mode appelé Abidjan Pagne dont la 3è édition se déroule ce samedi 26 septembre 2020 à l’Hôtel La Rose Blanche à Abidjan Cocody-Angré. Ainée d’une fratrie de 10 gosses, Cha Kane, pour le show-biz, est titulaire d’un BTS en Communication d’entreprise obtenu à l’Ecole supérieure de commerce et de gestion (ESCGE) d’Abidjan-Plateau en 2004. Elle est aussi mère d’un gosse.

Par Waly Do

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