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Rencontre avec Yseult Digan, Street artiste !

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Né d’un père et d’une mère céramistes et sculpteurs, Yseult Digan est une street-artiste autodidacte franco-britannique âgée de 43 ans. Ayant passé la majorité de son enfance dans un village de poterie, Yseult s’est très vite initiée à l’art : « J’ai grandi dans un petit village de potiers, mon père faisait de la sculpture, ma mère aussi était artiste. Dans ma famille, tout le monde est plus ou moins inscrit dans une discipline artistique. Il y avait ce choix de vie assez libre qui invitait à la création, j’ai évoluée dans ce milieu. Quand je n’étais pas dans l’atelier de ma mère à confectionner des pots, je passais beaucoup de temps à dessiner ».

Quelques années après, Yseult débute des études en audiovisuelles, spécialité son. Au départ, l’artiste peintre rêvait de travailler dans la musique et devenir ingénieur de son. Mais durant sa formation, elle va pincer pour d’autres discipline du domaine : « pendant mes études, j’ai découvert plusieurs disciplines (l’audiovisuel, les documentaires, la réalisation) …je me suis finalement tournée vers la réalisation et la prise de vue. J’ai fait beaucoup de documentaires en autoproduction et j’ai travaillée sur pas mal de projets institutionnels ».
Malgré toute cette expérience professionnelle, Yseult Digan voulait que son rapport à la création soit plus direct. Pour elle, le domaine de l’audiovisuel présente plusieurs contraintes du fait du diffuseur ou du producteur qui décide oui ou non de diffuser une production.
C’est pourquoi, l’artiste choisit la peinture qui pour elle est procure plus d’autonomie : « en peinture, il n’y a pas de contraintes. On est tout seul face à ses choix créatifs. À part les contraintes professionnelles dans le cadre des projets. En outre, je voulais aussi pouvoir m’orienter dans quelques choses de plus manuel ».
Plus épanouie dans la peinture, l’artiste voulu s’orienter dans une pratique urbaine qui puisse lui permettre d’avoir un rapport particulier à la vie. Pour elle, « les yeux sont les fenêtres de l’âme ». C’est pourquoi, elle s’attèle à beaucoup travailler sur les portraits de faces afin de faire ressortir le regard et surtout l’intensité du regard : « je voulais raconter des histoires dans l’espace urbain. Plusqu’un simple aspect esthétique, je souhaite défendre un sujet. En 2003, j’ai lancé un projet qui consistait à poser un visuel noir et blanc très minimaliste sur plusieurs points. C’est à ce projet que je me suis fait un nom dans le milieu et que j’ai commencé à vendre mon travail en galerie ». Au fil du temps, Yseult va développer sa propre technique et va effectuer plusieurs voyages dans le monde et en Afrique, pour comprendre les réalités du terrain afin de mieux exercer son pinceau. Connu pour sa version unique de l’art urbain, elle lance un grand projet street-art sur les bords de la lagune ébrié (Abidjan).

Son projet « Street vendors », valoriser les vendeuses ambulantes dans la ville !
Si vous êtes à Abidjan, vous avez sûrement déjà aperçus quelque unes de ses œuvres sur les murs de la capitale. Yseult travaille en ce moment sur un grand projet street à Abidjan. Pour faciliter sa démarche, elle s’incurse dans le monde de ses vendeuses ambulantes. Elle souhaite comprendre la manière dont toute cette économie fonctionne.
L’idée concrète de son projet est de prendre ces filles en photos et de positionner leurs images sur des murs, les présentant comme des personnes importantes dans la société.
Pour entamer cette démarche artistique, Yseult veut d’abord comprendre l’histoire de la ville et de ses habitants : « J’avais besoin de vivre le lieu, de comprendre la ville, l’économie de la ville…la vente informelle dans les rues expose les jeunes filles. Elles sont très peu scolarisées donc, ont peu d’ouvertures sur l’emploie. Il y a aussi le gros problème de sécurité vu qu’elles déambulent en longueur de journée. Des filles souvent âgées de moins de 15 ans sont exposées aux véhicules, aux gaz d’échappements de véhicules, à la poussière etc. j’ai voulu savoir d’où elles venaient, qu’est-ce qu’elles faisaient comme activités et combien elles gagnaient comme bénéfices. Généralement, elles sont envoyées dans ces commerces par leurs mères ou leurs tantes, ce qui est complètement différents pour les jeunes hommes par exemple qui ont leurs propres business généralement ».

Abandonnées à leurs sorts, Yseult incite à la prise de conscience et attire l’attention sur les conditions de vie dans lesquelles évoluent ces filles. Son grand rêve est de les rendre existantes à travers ses œuvres pour qu’elles ne soient pas juste des vendeuses : « Je veux valoriser chacune d’entre elles pour que leurs situations puissent évoluer. Une de mes préoccupations était de parler à ces jeunes filles mais aussi de trouver une issue à leurs situations, à leurs avenir… j’ai rencontré une association qui encadre les filles dans ce genre de situations. L’idée c’est de leur trouver des formations liées à leurs quotidiens pour qu’elles puissent monter des business qui soit plus rentable. J’ai voulu que le projet soit quelque chose de beau et qui n’évoque pas de misérabilisme. Je veux valoriser ces jeunes filles qui travaillent énormément et qui sont courageuses. Je pense que cette énergie, on peut la transformer en quelques de plus valorisant pour ces filles ».

Nel Soro

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