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Peintre Obou, Je peins des visages effrayés !

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Gbais Obou Gilles Cédric est un jeune peintre ivoirien et artiste-performeur originaire de l’ouest de la Côte d’ivoire. Né d’un père Yacouba et d’une mère bété, peintre Obou de son nom d’artiste entretient depuis son jeune âge un rapport particulier avec le monde de l’art et du dessin en particulier. L’artiste s’inspire de ses souvenirs d’enfance pour peindre :

« Je me définis comme un braid-artiste. C’est un concept que je promeus. Pour moi, c’est une manière de tisser le réalisme que j’apprends et ma vie infantile traumatique. Je cherche le juste milieu…En 2002, la Côte d’Ivoire a connu une page noire de son histoire, la crise politique. Mon enfance a été marquée par les empreintes de cette crise car en 2002, j’étais à Man, à l’ouest du pays. Cette région a énormément souffert de cette guerre. Enfant que j’étais à l’époque, j’ai assisté à des viols, des meurtres, j’ai vu du sang, ma famille et moi avons marché plusieurs jours, des heures et des nuits pour nous enfuir dans la forêt, j’ai fini par me retrouver en Guinée. C’est aujourd’hui un souvenir lourd à porter. J’essaye de me décharger par le dessin ».

La peinture comme une thérapie

Après l’obtention de son Certificat d’Etude du Premier Cycle (Bepc) dans les années 2009-2010, Peintre Obou intègre peu après L’Institut National Supérieur des Arts et de l’Action Culturelle (Insaac). Malgré le refus de son père professeur en enseignement général qui voulais le voir poursuivre dans ce parcours, le jeune Obou n’abandonnera son rêve : « après mon Bepc, j’ai voulu passer le texte pour l’insaac. Mon père n’était pas d’accord. Lui étant professeur de mathématique, il voulait que je poursuive dans l’enseignement général.  Je me souviens que c’est l’une de mes sœurs, grande vielle passionnée d’art qui a payé les frais de concours, elle voulait que je poursuive son rêve. J’ai passé le test et j’ai été admis au lycée d’enseignement artistique ».  

Après l’obtention de son baccalauréat artistique en 2012, il s’inscrira en première année d’art. Confronté à des problèmes de santé qui ont empiéter sur son année scolaire, le peintre Obou est renvoyé contre toute attente : « l’année de mon renvoie, je suis retourné à la maison, j’étais peiné car je ne recevais que des frustrations des parents qui me disais que je n’avais pas été capable de poursuivre mes propres rêves et que c’était humiliant ».

Frustré dans son amour propre, au plus mal de son moral, Obou décide de repasser le concours d’entrée à L’INSAAC. Une fois de plus, l’artiste est réussi au concours. Il reviendra avec la rage de vaincre et d’exceller.

Pour son projet de mémoire à l’école des beaux-arts, l’artiste hésite se perd dans ses choix de thème : « en deuxième année d’étude artistique, je devais trouver un thème sur lequel travailler. J’ai fait plusieurs propositions. Je pensais au masques de chez moi, j’ai même voulu travailler sur les cascades de l’ouest, sur le terrorisme ou la guerre mais, il y avait toujours cette petite voix qui me disait qu’il fallait que je travaille sur mon vécu et aussi sur ces souvenirs sombres de mon enfance »

Je peins des visages effrayés

Obou peint des visages effrayés ! des personnages angoissés.

Les larges traits présentés dans ses toiles sont chacun expressifs les uns que les autres. Tableau d’une enfance traumatique et d’un adulte perdu et coincé dans ses souvenirs comme les pans d’un voile : « Je fais de la beauté dans la laideur. Mes œuvres traduisent ce que je ressens. Chaque jour je peins et je cherche à peindre ma plus belle toile. Je déforme surtout et je mixte les couleurs pour apporter la vie ».

De son enfance, Obou dénude tous les jours, des épisodes qui aiguise son pinceau. Alors que sa superbe plume rétrospective est partie pour battre tous les records de l’art dé-formiste, peintre Obou propose une interprétation inédite de sa mélancolie sourde.

L’artiste a participé à plusieurs expositions. En 2017, il prend part à une exposition collective à la rotonde au plateau et en décembre de la même année, il va participer à un projet d’exposition à l’hôtel ivoire en décembre 2017 sous le thème « une toile pour sauver un enfant » pour une œuvre caritative.

Les lèvres rouges

« Le naturel rose matte de mes lèvres d’enfant se sont noircies faute de la cigarette et je me suis dit qu’il fallait que mes personnages puissent représenter ce que je ressens mais aussi ce que j’ai perdu tant moralement que physiquement ». L’artiste rend également hommage aux femmes car pour lui les femmes sont les plus lésées pendant les conflits. Pour lui, pendant les crises, ce sont elles qui perdent leurs enfants, leurs époux etc.

Son Grand rêve !

Créer une ligne de vêtement par laquelle il pourra dessiner et proposer des motifs de tissus assez originaux. Pour lui, le constat est qu’aujourd’hui, le model du vêtement importe plus que le tissu lui-même. Son objectif est de pouvoir créer une culture inverse avec des motifs assez particuliers.

Nel Soro

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