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[ Designer] MOSES BY STYLE, pourquoi ses 20 ans de carrière passent sous silence ?

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Cela fait 20 ans que Moses By Style est dans la mode. Couturier au talent reconnu, il envisageait marquer une pause pour célébrer cet anniversaire. Mais la pandémie de la covid-19 est passée par là. Cela a bouleversé ses plans. Mais le créateur maintient le cap. Coup de projecteur sur un créateur qui monte.


N’eut été la crise sanitaire liée à la pandémie du nouveau coronavirus, Moses By Style fêterait cette année ses 20 ans de métier dans la couture. Mais qu’à cela ne tienne ! Le styliste n’est quand même pas resté les bras croisés pendant cette période difficile. Dans un premier temps, sa maison de couture s’est lancée dans la confection des masques pour des œuvres caritatives à travers son ONG Aaqwani et d’autres structures. Après, elle en a vendu. « Dieu faisant grâce, il y a des structures qui nous ont sollicité pour la confection des masques. Ça a été une grosse bouffée d’oxygène pour notre maison. Cela nous a permis de payer le loyer, les factures…», soupire-t-il avant d’ajouter avec regret: « Au niveau des vêtements, c’est un peu compliqué.

La clientèle classique qui faisait bouger notre maison, se fait encore attendre. La fête des pères a boosté notre activité. Des dames ont acheté des chemises pour leurs papas, maris, cousins, oncles…». Depuis quelques temps, les machines recommencent à tourner à plein régime chez Moses By Style. Mais la production est orientée vers le prêt-à-porter qui a pris le pas sur le sur mesure.


En lieu et place de la célébration de ses 20 ans de carrière professionnelle, Moses By Style se fait une sorte de bilan. « Au de-là de la célébration, je dirai que le bilan est satisfaisant. Quand on vient de la rue où on a côtoyé les bancs des marchés, ciré les chaussures, été ‘’ balanceur’’ (apprenti-chauffeur), on a été proches des gens qui consommaient la drogue, l’alcool, des braqueurs… et qu’on embrasse un métier qui nous permet d’être un couturier qui compte, un des créateurs qu’on cite, il y a de quoi être fiers de soi », se satisfait-il. Brique après brique, il a construit sa carrière. De contrat en contrat, il économise pour s’acheter une machine et se louer un atelier de couture.

Aujourd’hui, Moses By Style est un label avec une boutique qui distribue ses créations. «Tout démarre en 2000. 20 ans après, j’ai une unité de production, une petite boutique, une famille plus ou moins stable, des enfants qui vont à l’école… On est vraiment sur la bonne lancée. En termes de projection et d’ambition, on est entre 10 à 20 % de notre vision. Beaucoup reste encore à faire », soutient-il. En plus du côté festif de la fête de ses 20 ans, l’évènement devrait être un assemblage de la vie de quelqu’un qui vient de la rue et qui côtoie aussi le féerique. Dans les prévisions de Moses By Style, cette célébration était dissociée de son défilé annuel ‘’Sanga Wili’’. Qui est aussi menacé de report à cause de la situation sanitaire ambiguë. « Les deux events sont reportés dans la tête. On attend certains détails pour vraiment décider de l’attitude à tenir. Les 20 ans devraient être un moment mémorable où des gens pourraient se souvenir, savoir d’où je suis parti et où je vais », regrette-t-il.


Malgré la situation incertaine de la crise, Moses By Style a repris ses habitudes quotidiennes pour assurer la bonne marche de son entreprise. « Chaque jour, je suis à l’atelier à partir de 7 heures et je m’assure que la boutique est ouverte à 7h30. Après, je jette un coup d’œil au programme du jour et je commence mes coupes », dit-il. Ce natif de Danané dans l’ouest montagneux de la côte d’Ivoire est un lève-tôt qui n’hésite pas à s’asseoir sur la machine à coudre quand c’est nécessaire. C’est en classe de CE1 dans son village natal que Moussa Camara commence à s’intéresser à l’habillement.

Il s’éprend du chic style vestimentaire de son instituteur dans les années 1980, à l’époque des Djo Balard. « Ça me tapait à l’œil. Entre temps et par coïncidence, c’est le mari de ma tante qui l’habillait. Désormais, tous mes congés, je les passais dans son atelier. Souvent même, il s’en plaignait car il ne voulait pas que je devienne couturier comme lui. Pour le contraindre à m’accepter, j’ai commencé à me rendre utile », révèle le patron du label Moses By Style. Et comme tout bon chef d’atelier, on cherche toujours la petite main de plus. Maître Adama accepte l’aide du futur Moses qui devient assidu au travail à partir de 1990. « C’est lui qui a été mon premier formateur. Il faisait des vestes, aba-costs, pantalons, chemises…», se souvient-il.

En 1992, le jeune apprenti-tailleur perd sa mère qui était une sorte de dernier rempart après son père, décédé plutôt. Le petit Moussa est envoyé chez sa tante maternelle à Divo. Il y termine sa formation chez un particulier du nom de Sékou dit Coul l’étranger. Il complète sa formation en apprenant la réalisation des boubous et Grand-Dakar chez Coulibaly. En 1997, Moussa Camara arrive à Abidjan, la grande métropole et plaque tournante de la mode africaine. « Normalement j’étais là pour aider une de mes tantes qui avait ouvert son atelier de couture. Elle était à Cocody- II Plateaux Les Perles. C’est là-bas que tout démarre. J’étais là comme un expert. Sachant que je n’avais pas fini ma formation, j’ai demandé à ma tante de me laisser les après-midis pour aller me perfectionner çà et là. En 1999, j’ai travaillé pendant 10 mois chez Mme Gboméné. Par la suite, j’ai pris mon envol. Avec mes économies, je me loue un atelier à Cocody-II Plateaux-Aghien en mai 2000 », dit-il.
Pour se tailler une place sous le drap de la mode, le jeune couturier opte pour la couture mixte.

Sa longue formation de dix ans lui permet de surfer aisément sur les différends genres de l’habillement. Sa marque est désormais Moses By Style. Il est classique dans le style qu’ornent ses belles finitions. Il satisfait sa clientèle avec ses créations inédites et finit de convaincre les plus sceptiques sur ses qualités de grand designer avec l’utilisation de la toile de jute et du cauris. Dans son parcours professionnel, Moses rencontre M. François Konian, ancien patron de la radio JAM qui l’épaule dans sa communication et la créatrice Miss Zahui qui l’assiste permanemment dans l’organisation de ses évènements. « Ma joie serait de voir chaque jour des gens porter mes tenues. Je souhaiterais aussi qu’après moi, ma marque demeure. C’est mon grand vœu. Je vais donc mettre une administration en place qui va suivre tout cela », prévoit-il.


Par Waly Do

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