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Pathé’O, plus de cinquante années de carrière portées par Nelson Mandela

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Farouche défenseur de la mode africaine, Pathé’O, qui dit devoir sa renommée à Nelson Mandela, ne cesse de militer en faveur du développement d’une industrie du prêt-à-porter sur le continent. Rencontre lors du dernier Fima.

Quand on lui demande son âge, Pathé Ouédraogo, dit Pathé’O, ne répond pas immédiatement. Pense-t-il au thé qu’il vient tout juste de commander à l’un des serveurs de l’espace VIP du Festival international de la mode en Afrique (Fima) ? Est-il distrait par le rire de la princesse Esther Kamatari, installée un peu plus loin et vêtue d’un ensemble blanc signé… de lui-même ? S’attend-il à ce que son fils, Kader, 20 ans, installé à ses côtés, réponde à sa place ? « Ah, l’âge africain… lâche-t-il soudain. Je suis né en 1954, à Guibaré, à 87 km de Ouagadougou. Je suis mossi, mais Pathé est un prénom peul. »

C’est à l’aube des années 1970, à l’âge de 14 ans, que l’adolescent quitte son Burkina Faso natal pour la Côte d’Ivoire. « On me trouvait trop jeune pour travailler aux champs. À cette époque, on ne parlait pas d’immigration. Toute la sous-région se retrouvait en Côte d’Ivoire pour trouver un emploi », se souvient celui qui a souvent admis qu’il était arrivé dans le milieu de la mode par nécessité plutôt que par passion.

Farouche défenseur de la mode africaine, Pathé’O, qui dit devoir sa renommée à Nelson Mandela, ne cesse de militer en faveur du développement d’une industrie du prêt-à-porter sur le continent. Rencontre lors du dernier Fima.

Quand on lui demande son âge, Pathé Ouédraogo, dit Pathé’O, ne répond pas immédiatement. Pense-t-il au thé qu’il vient tout juste de commander à l’un des serveurs de l’espace VIP du Festival international de la mode en Afrique (Fima) ? Est-il distrait par le rire de la princesse Esther Kamatari, installée un peu plus loin et vêtue d’un ensemble blanc signé… de lui-même ? S’attend-il à ce que son fils, Kader, 20 ans, installé à ses côtés, réponde à sa place ? « Ah, l’âge africain… lâche-t-il soudain. Je suis né en 1954, à Guibaré, à 87 km de Ouagadougou. Je suis mossi, mais Pathé est un prénom peul. »

C’est à l’aube des années 1970, à l’âge de 14 ans, que l’adolescent quitte son Burkina Faso natal pour la Côte d’Ivoire. « On me trouvait trop jeune pour travailler aux champs. À cette époque, on ne parlait pas d’immigration. Toute la sous-région se retrouvait en Côte d’Ivoire pour trouver un emploi », se souvient celui qui a souvent admis qu’il était arrivé dans le milieu de la mode par nécessité plutôt que par passion.

Le premier Fima et Alphadi

« Je suis arrivé à Abidjan sans ressources et sans vraiment savoir ce que j’allais y faire. » Le jeune Pathé finit par rencontrer le patron d’un atelier qui l’emploie comme apprenti tailleur, tout en lui offrant le gîte et le couvert. À force de persévérance, il est bientôt nommé chef d’atelier.

« J’étais toujours très concentré, dit-il. Le travail était tout ce que je connaissais. » Cinq années à apprendre la couture pour hommes, puis quatre celle pour femmes. Le futur styliste décide ensuite de monter son propre atelier avec Amadou, son frère. « Amadou était spécialisé dans la couture pour femmes, et moi je travaillais sur des tenues mixtes. Au fil du temps, j’ai vu ma clientèle s’agrandir et me rester fidèle. »

En ce mois de novembre 2018, à Dakhla, Pathé’O est l’un des stylistes stars du Fima, événement créé par l’un de ses pairs, le Nigérien Alphadi. En 1998, il y a vingt ans, c’est dans un autre désert, celui de Tiguidit, au Niger, que s’est tenue la première édition. Pathé’O y était.

« Alphadi et moi, c’est une longue histoire. Il est comme un membre de ma famille. » Pourtant, les deux n’ont pas tout à fait suivi la même trajectoire. Si Alphadi est reconnu pour sa capacité à fédérer les créateurs du continent africain autour de son événement, Pathé’O s’est attelé à poser les bases d’une entreprise qu’il voudrait voir reproduite par l’ensemble des créateurs africains sur le continent. Son leitmotiv : l’Afrique doit se doter d’une industrie de la mode, car cette dernière ne se résume ni à l’image ni au spectacle.

Source: Jeune Afrique

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