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COVER / Fatim Sidimé, figure emblématique du mannequinat

Temps de lecture: 8 minutes

Nous sommes un mercredi cette nouvelle année et nous avons rendez-vous avec Fatim Sidimé, figure emblématique du mannequinat en Côte d’Ivoire.  Il est 11heures,    et la Présidente du Ramci, 1er réseau des agences de mannequins en Côte d’Ivoire nous reçoit au sein de l’école professionnelle des métiers de la mode et du mannequinat (EP2M), un nouvel établissement d’enseignement technique et de formation professionnelle qu’elle vient d’ouvrir à Abidjan dans la commune de Cocody, quartier huppé de la place.

Cadre: Sofitel Hôtel Ivoire styliste: ANDERSON D makeup: Dieudonné Sénato photographe: Ahmed Zorkot Direction Artistique: Nel Soro

Cadre: Sofitel Hôtel Ivoire styliste: ANDERSON D makeup: Dieudonné Sénato photographe: Ahmed Zorkot Direction Artistique: Nel Soro

Directrice de l’agence de mannequin Sydney Conceptuel et Promotrice de l’évènement les Awards du mannequinat africain, Fatim Sidimé est un modèle de réussite ivoirien qui inspire de nombreux jeunes dans le domaine.

Le jour où nous la rencontrons dans son établissement qui fait office de siège de son agence, Fatim n’a pas de maquillage et est plutôt relaxe. Sa beauté au naturelle lui donne un air de femme qui s’assume complètement et elle est si belle.

La femme d’affaire arbore un haut simple avec un pantalon bas évasé imprimé wax. Pour ses cheveux, elle n’en fait pas trop et porte un foulard coloré.

Seulement âgée de 35 ans, Fatim Sidimé à tellement accomplie pour la mode ivoirienne et son parcours reste assez impressionnant.

Cadre: Sofitel Hôtel Ivoire styliste: Reda Fawaz makeup: Dieudonné Sénato photographe: Ahmed Zorkot Direction Artistique: Nel Soro

Dans cette interview exclusive, la jeune femme d’affaire décode toutes les étapes de son parcours inspirant, d’une enfance stricte à une carrière explosive dans la mode.

Cadre: Sofitel Hôtel Ivoire styliste: Reda Fawaz makeup: Dieudonné Sénato photographe: Ahmed Zorkot Direction Artistique: Nel Soro

Cadre: Sofitel Hôtel Ivoire styliste: Momo Ché makeup: Dieudonné Sénato photographe: Ahmed Zorkot Direction Artistique: Nel Soro

Cadre: Sofitel Hôtel Ivoire styliste: Momo Ché makeup: Dieudonné Sénato photographe: Ahmed Zorkot Direction Artistique: Nel Soro

Cadre: Sofitel Hôtel Ivoire styliste: Fatim Sidimé makeup: Dieudonné Sénato photographe: Ahmed Zorkot Direction Artistique: Nel Soro

À quel moment vous vous dites, ça y est. J’ai envie de faire carrière dans la mode ? Comment tout cela est parti ?

Tout s’est fait de façon hasardeuse. J’avais une amie du nom de Sandrine (paix à son âme), plus de 10 ans d’écarts d’âges mais c’était une amie formidable. Elle avait un couturier du nom de Maurice Carvalho qui avait été contacté par une grande marque de la place pour présenter ses tenues. Maurice avait besoin d’un mannequin et il a pensé à moi par rapport à mon physique qui remplissait toutes les conditions. J’accepte de participer au projet et à la fin, il me donne de l’argent. C’était assez impressionnant pour moi d’être payée pour l’occasion et j’aimais bien l’idée de faire ce genre de choses. Mais je savais que mon père s’y opposerait si je voulais en faire un métier. C’est ainsi que Sandrine me propose de le faire en vacances par exemple.

Mes grands-parents habitaient Koumassi et lorsque je partais souvent leur rendre visite, je remarquais des mannequins en pleine séance de répétition dans les ateliers d’Etienne Marcel. Un jour, j’arrive là et je lui demande les conditions pour apprendre à marcher. Il m’informe que je n’ai rien à débourser. Pour lui, vu mes prédispositions naturelles, il fallait absolument m’encourager dans le domaine.

Parlez-nous de votre histoire avec le T, votre premier défilé, c’était où, quand et à quelle occasion ?

Souvent, lors de nos séances de répétitions avec Etienne Marcel, Miss Zahui qui vient des fois les weekends, commence à  faire attention aux différents mannequins. Une année après, dans les années 2000 – 2002, je fais le final du défilé d’Angybell , Guest invité du Yehe, évènement culte à l’époque. J’étais très honorée car c’était mon premier défilé. C’est comme ça que j’entame une carrière dans le domaine.

De mannequin, vous passez à la télévision, où vous présentez l’émission la saga des mannequins ! Parlez-nous de cette expérience ?

En 2004, je suis élue Top Model Afrique aux phases finales nationales du concours Top model Afrique.  A la suite ce sacre, je pars à Londres avec un contrat de 4 ans en poche. Après ces 4 années, je rentre à Abidjan, et je décide de lancer l’émission. Je commence péniblement « la saga des mannequins » sur la première chaîne nationale de télévision ivoirienne RTI1, avec une petite caméra domestique de 200 euros et les productions plaisent. Quand j’arrive à la télévision, il y’ a déjà des émissions de mode qui traite sur des défilés et autres. Et je décide de faire un focus sur la vie des mannequins, leur carrière, leur environnement, pour un montage de 13 minutes.  Et comme la direction n’avait pas de budgets, on me propose en coupure d’émission, des encarts de deux fois 30 secondes que je pourrai vendre à des annonceurs pour rentabiliser mes productions. Mais c’était quand même assez difficile et je devais produire deux émissions par mois, soit 300 milles FCFA, la production, ce n’est pas donné! Vu que tout était sous fond propre, on décide de faire un an de mise en boite avant de relancer les productions.

Aujourd’hui l’agence Sydney conceptuel est l’une des plus respectées dans le pays. Racontez-nous un peu comment vous avez eu l’idée de créer cette agence de mannequin ?

Lorsque je finis ma formation scolaire estudiantine, je constate pendant les défilés, un manque d’agences de formations qui répondent aux critères des créateurs. C’est comme ça que je lance l’agence Sydney conceptuel et c’était très compliqué au départ car les parents n’adhéraient pas à l’idée. Quand on  lance l’agence en 2012, les formations sont gratuites et malgré cela, on n’avait pas assez de mannequins dans l’agence. Aujourd’hui, le milieu est devenu tellement prisé que tout le monde s’y intéresse et c’est une autre réalité, la formation est payante et des parents viennent même inscrire leurs enfants.

Vous êtes aussi, la présidente du 1er réseau des agences de mannequins en Côte d’Ivoire, Ramci, à quel moment vous avez senti le besoin de mettre en place une telle organisation ? C’était en quelle année ?

Quand je lance mon agence de mode en 2012, quelques temps plus tard, il y’a une floraison d’autres agences et, on commence à constater beaucoup d’indiscipline au niveau des mannequins. C’est dans un souci de ré-discipliner le métier et réaliser une base de données de tous les mannequins ivoiriens et des agences aussi que je décide de créer ce réseau en 2015.

Dernièrement, vous annonciez la rentrée académique de votre école des métiers de la mode et du mannequinat. C’est votre dernier bébé, nous voulons tout savoir sur ce projet, comment l’idée est venue et quelles sont les diplômes que vous proposez ?

Nous pensons qu’il faut absolument trouver le temps de se former et de faire le mannequinat. Lorsque vous n’avez pas les rudiments nécessaires pour affronter les contours du métier, c’est compliquer. C’est pour cela qu’on a créé l’école professionnelle des métiers de la mode et du mannequinat (EP2M),  qui délivre des diplômes dans plusieurs domaines dont le design, le stylisme, la coiffure, la conciergerie de luxe etc, notre formation est qualifiante et complète. L’école propose des CAP de l’enseignement professionnel et le mannequinat, en formation qualifiante. Le français, l’anglais, les mathématiques et l’informatique sont obligatoires.

Lorsque vous débutez un projet, vous le tenez jusqu’au bout. Aujourd’hui  vous avez réussi à porter 3 importants projets pour la mode ivoirienne ? Comment arrivez-vous à gérer tout cela à la fois ?

Ce qui fait ma force, c’est que je me suis spécialisée dans un seul domaine et toutes mes activités tournent toujours autour du mannequinat. Il est très important de rester focus.

Vous avez une telle force de caractère, qu’on est curieux de connaitre votre enfance ? Quel genre d’enfant étiez-vous et comment vous avez vécu cette partie de votre histoire ?

C’était une enfance normale. Mes parents se sont très tôt séparés et quand je commence à prendre conscience, je me rends compte que je ne suis pas issus d’une famille habituelle mais, il faut dire que j’ai quand même la chance d’avoir des parents adoptifs formidables. Coté scolaire, J’ai fait beaucoup d’internat entre autres l’établissement Notre dame des apôtres à  Agboville,  Notre dame de la paix à Dabou, le Pensionnat protestant des filles d’Ayama, Sainte Rita de Bonoua etc. Cette vie à l’internat m’a beaucoup apportée car elle vous apprend l’acceptation et la discipline. Vous devez suivre des normes et des règles et vos parents vous expliquent à quel point vous avez la chance d’être dans cet environnement. Je pense que j’ai vite appris à sociabiliser.

Comment définissez-vous votre personnalité aujourd’hui ?

Je suis quelqu’un de très rigoureuse et je ne supporte pas l’injustice. Je me suis retrouvée bien des fois à prendre des décisions à un certain niveau. Mais je me définis comme une personne très tolérante qui sait donner de la voix quand il faut.

Pour vos différentes apparitions, quels sont les créateurs que vous aimez porter ?

Pour la plupart de mes apparitions, j’aime mettre du Anderson D, du Reda Fawaz, du Momo Ché, du Gilles Touré, Miss Zahui mais je porte très souvent du Anderson D.

Si vous devriez faire un classement culte top 5 des créateurs de la nouvelle génération à suivre de près en Côte d’Ivoire, ce serait qui ?

Je dirai Pelebe,  Ibrahim Fernandez,  Don Rodrigue, Modeste Ba et Arlette.

En dépit de tous ces créateurs qui vous habillent, comment définirez-vous votre style vestimentaire ?

Mon style vestimentaire est sophistiqué et moderne avec une touche d’authenticité. Je porte beaucoup de bazin et énormément de tissé aussi.

Vous êtes toujours aussi belle quand on vous rencontre. Avez-vous une routine beauté particulière ?

Mon outil beauté, c’est que je bois énormément d’eau. C’est bon pour la santé et  ça hydrate le corps. Dans mon sac à main, vous trouverez toujours une petite bouteille d’eau bien remplie.

Êtes-vous plutôt tailleur ou robe pour vos rendez-vous professionnels ?

Pour mes rendez-vous professionnels, je suis beaucoup tailleur mais à cause du climat, je préfère mettre des jupes ou des robes.

Escarpins aux mocassins ?

Escarpins.

Aujourd’hui vous faites la  »une » de Afrikfashion. Un conseil pour celle qui n’arrive pas à tenir un projet jusqu’au bout et à nos lecteurs ?

Je dirai qu’il faut mettre Dieu au centre de tout. J’estime aussi qu’il faut avoir une certaine discipline pour mieux appréhender votre vie dans l’avenir.  Lorsque vous pensez à votre avenir, cela vous donne les armes nécessaires pour pouvoir contrôler vos actes dans le présent. Car de toutes nos aspirations, de tout notre vouloir, il y’a Dieu et il faut être patient et rigoureux dans tout ce qu’on fait.

 

Nel Soro

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