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Femme et mode: à la découverte de l’empire Michèle Yakice.

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Il se passe toujours quelque chose de nouveau chez la maison Michèle Yakice. A côté de la couture qui l’a révélée dans les années 1980, Michèle Yakice a transformé sa griffe en une véritable entreprise de mode regroupant confection, formation et action sociale. (Re)découverte.

A la base, Michèle Yakice est une maison de confection de vêtements qui a installé avec le temps, boutiques et représentations un peu partout à Abidjan. Logé précédemment à Marcory-Hibiscus prêt de la pharmacie Tiacoh, l’atelier de confection a délocalisé dans un espace plus spacieux dans le chic quartier de Cocody-Angré. Dans un souci de transmission de savoir et de savoir-faire, la fondatrice a monté une école de formation professionnelle aux métiers de la mode. « Ce sont des activités différentes. La créatrice Michèle Yakice que je suis, crée ses vêtements. Elle travaille avec ses collaborateurs et alimente la marque. L’équipe de l’école gère la formation », s’empresse-t-elle de préciser. Deux vitrines contiguës à l’école de formation, vantent les articles de la dernière collection de Michèle Yakice. C’est une association de plusieurs modèles appelés ‘’Cœur ouvert’’, ‘’Cœur croisés’’ ou ‘’Connect’’.

On y découvre des robes de tous les jours, faciles à porter et sorties d’un bel assemblage de tissage (la marque de fabrique de maison) et du lin, de la gabardine ou de la crêpe. Ces fashion-shops sont aussi alimentées de chemises pour hommes et des accessoires (sacs, écharpes…). Michèle Yakice a également une boutique à la Riviera 3 et elle est représentée chez Ettyka Novotel Plateau et à l’hôtel Azalai à Marcory. Apparemment, l’enseigne Michèle Yakice se porte bien.

« On vient de loin. Il y a eu des périodes de vaches maigres et des périodes grasses. Dans l’ensemble, la couture a connu de beaux jours dans les années 1980. La filière était vraiment rentable. Mais, il y a eu une chute avec l’arrivée de la friperie et beaucoup d’autres problèmes dont la cherté de la vie. Malgré quelques difficultés, on arrive quand même à se faire une place au soleil. On a développé le prêt-à-porter et ouvert des boutiques. On rend grâce à Dieu car on existe encore », reconnait la fondatrice.


A plus de 40 ans de métier dans les jambes et dans les mains, Michèle Yakice accorde une place de choix à la formation. Elle a donc fondé il y a quelques années l’Ecole internationale de formation professionnelle (EIFP) Michèle Yakice.

On y dispense des cours théoriques et pratiques. Les élèves sortent avec le CAP Coupe-Couture, le CAP Esthétique, le CAP Coiffure et le BEP Stylisme-Modélisme. Il y aussi la filière technique. Et comme la fondatrice s’accommode au temps, elle vient d’ajouter une filière énergie solaire dans établissement. Le département école et formation est géré par Michèle Okéi, directrice des études à l’EIFP Michèle Yakice. Fille, elle joue souvent le rôle de l’assistante de la fondatrice. « On se bat pour dire qu’on ne vient pas à la formation professionnelle quand on a échoué. C’est un engagement. On veut en faire un métier. On y vient par conviction et par passion », insiste la directrice des études. Reconnue pour sa rigueur, l’EIFP Michèle Yakice reçoit des élèves d’horizons divers. « Ici, c’est la guerre des finitions pour un travail bien fait », martèle Michèle Okéi.

Véritable entreprise plurielle dans le domaine de la mode, Michèle Yakice a construit un Centre de tissage dans le village Montézo, près d’Abidjan. « On a délocalisé l’activité de tissage pour permettre à des femmes du village d’avoir des revenus additionnels », soutient l’entreprenante Michèle Yakice. C’est l’ambassade d’Allemagne en Côte d’Ivoire qui a financé la construction du centre artisanal de tissage. L’installation de cet espace traduit aussi le côté social de la fondatrice qui tend la main à ses sœurs. Avant d’arriver à la création de ce centre, la maison Michèle Yakice s’était associée avec l’UNESCO pour former ces femmes au métier de tissage afin de leur permettre de travailler en groupe. Les pagnes tissés dans le centre sont revenus à Michèle Yakice, à d’autres maisons de couture et à des particuliers.

Aidée par sa fille très entreprenante, Michèle Yakice rêve de faire de sa marque une ‘’entreprise’’ du futur. Désormais, le département couture s’active dans la réalisation de prêt-à-porter qui va achalander ses boutiques et points de vente Michèle Yakice. « Abidjan est une ville qui s’étend de plus en plus et il faut se rapprocher de la clientèle. D’où le développement de la ligne prêt-à-porter pour alimenter nos représentations », explique cette force tranquille. Côté école, l’entreprise Michèle Yakice est en train de développer un incubateur de mode. C’est une sorte de société expérimentale et pratique. « On s’est rendu compte qu’après la formation, les élèves ont du mal à développer leur propre entreprise, à créer leur marque. On propose donc de faire deux années de cours intensifs en formation pratique et la 3è, on va bosser dans une mini-entreprise de mode logée au sein de l’école. On va leur apprendre la compatibilité et le marketing pour parfaire leur formation. On leur apprendra à faire de la confection industrielle, du prêt-à-porter… A la sortie, chaque élève doit proposer un projet de lancement de nouvelle marque. Quand l’élève finit cet incubateur, il est opérationnel et a déjà sa marque », explique Michèle Okéi, la directrice des études. Et la cerise sur gâteau, c’est que l’école accompagne le jeune entrepreneur avec un prêt. L’incubateur s’appelle ‘’Grain de mode’’. Il est fiancé par ‘’Le Centre des métiers Michèle Yakice’’, une entreprise qui a été créée par un fonds d’investissements.

Ce sont toutes ces raisons qui ont conduit Maurice Kouakou Bandaman, ministre de la culture et de la francophonie à élever Michèle Yakice au grade d’Officier de l’ordre du mérite culturel ivoirien le 6 février dernier au cours de la rentrée culturelle de son ministère à l’institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (INSAAC). « Tout ce que l’équipe Michèle Yakice fait dans l’ombre a été reconnu de façon nationale et culturellement parlant. Pour nous, c’est un honneur et un privilège et c’est en même temps, une invitation à mieux faire et à faire davantage pour que la culture ivoirienne soit toujours au top », soutient la créatrice et entrepreneure culturelle Michèle Yakice. Elle a déjà été décorée comme Officier dans l’ordre du mérite national par la grande chancelière Henriette Dagri Diabaté. Michèle Yakice a aussi reçu le Prix du meilleur artisan du président de la République, le Prix de la meilleure entreprise artisanale…

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