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Le long chemin de la haute couture africaine

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Avec la croissance de la classe moyenne, l’industrie de la mode africaine prend son essor. Mais des obstacles demeurent pour produire sur le continent. Portrait d’une Congolaise qui a choisi l’Afrique du Sud pour sa carrière de mannequin.

Le ciel sans nuages, la mer d’un bleu profond, le sable blanc de la plage : Vanessa Kilem aime cette étendue, ce silence. Personne ne lui casse les pieds comme à Kinshasa, ce monstre tapageur où elle a grandi et ne pouvait jamais être seule. Installée dans un café sur une plage du Cap, par une soirée tiède, la jeune femme déguste lentement une salade de crevettes en contemplant la baie. Les clients des tables voisines ne cessent de la regarder.

“Inimaginable”

Vanessa Kilem, 26 ans, ne passe pas inaperçue : elle est très jolie, très mince et fait 1,84 mètre. Elle est mannequin, actuellement sous contrat avec une agence de Johannesburg. Elle est en train de prendre ses premières vacances depuis longtemps.

Vanessa travaille beaucoup depuis qu’elle s’est installée il y a deux ans dans la capitale économique de l’Afrique du Sud. Elle a participé à un défilé de David Tlale, le créateur de mode le plus célèbre du pays. Elle s’est même retrouvée à la une du journal britannique Sunday Times dans une robe du créateur sud-africain MaXhosa Africa.

C’est un rêve qui se réalise”, confie-t-elle.

Vanessa a rêvé pendant longtemps d’être mannequin, mais ce rêve a mis longtemps avant de commencer à se concrétiser. Vanessa vient de la République démocratique du Congo (RDC), elle a grandi dans la pauvreté. Comment une jeune femme avec de grands rêves mais des perspectives limitées réussit-elle à se retrouver sur la scène de la mode ? “C’était encore inimaginable quand on s’est rencontrés pour la première fois.” C’est vrai.

Repérée lors de la Fashion Week de Kinshasa

Retour en arrière. Nous sommes en juillet 2014, à Masina, un quartier de la capitale congolaise Kinshasa, par une matinée moite. Vanessa Kilem est tout excitée : c’est aujourd’hui qu’elle commence sa formation accélérée pour la Fashion Week [semaine de la mode] de Kinshasa.

Repérée quatre semaines plus tôt lors d’un casting qui réunissait 2 000 candidates, elle fait partie des 30 jeunes femmes qui ont été retenues pour présenter les nouvelles collections de stylistes africains, européens et américains – dans la capitale d’un pays ravagé par la violence, la maladie et la pauvreté.

Voilà plus de vingt ans que la RDC se trouve en état d’urgence. La première guerre a éclaté en 1997, après la chute du despote Mobutu Sese Seko [alors au pouvoir depuis trente-deux ans], et deux autres ont suivi. Les conflits ont fait plusieurs millions de morts. Une foule de milices s’affrontent encore dans la province du Kivu, dans l’est du pays. Et la majorité des 72 millions de Congolais vit dans la pauvreté. Le pays occupe ainsi l’avant-dernier rang sur 187 de l’indice de développement humain (IDH) des Nations unies.

“Sortir de mon petit monde”

À l’époque, Vanessa habite dans une petite maison toute de travers avec une cousine et sa mère, qui tient un petit commerce de boissons. Dans la cour intérieure se dresse un arbre à saucisses sous lequel sont éparpillées des pièces de moteur, le sommet du mur extérieur est couvert de morceaux de verre pour dissuader les voleurs.

Ces dames dorment dans

[…]

Bartholomäus Grill / Courrierinternational.com
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