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[ DESIGNER ] MODESTE BA, L’héritage familial

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Modeste Ba est en train d’écrire son nom en lettres capitales dans la nomenklatura des créateurs ivoiriens.

Avec tout le talent qui entoure sa couture, il incarne une belle promesse dans la création vestimentaire. N’eut été la crise sanitaire, le créateur allait opérer des changements majeurs dans organigramme.


La dernière livraison du styliste Modeste Ba s’appelle ‘’L’Afropolitaine’’. Présentée en exclusivité le 13 mars dernier au défilé international du MASA à la CAISTAB au Plateau, à Abidjan, la collection sublime la femme. Les tenues rendent hommage à la femme africaine moderne.

Cet aspect de l’Africaine moderne et citoyenne du monde ressort dans des vêtements savamment montés dans un bel assemblage de pagne tissé local et de matières occidentales. L’utilisation du pagne tissé dévoile la diversité et la fertilité créatrices du jeune styliste.

L’autre grande nouveauté de cette sublime collection, c’est qu’elle dévoile les nouvelles orientations de Modeste Ba. « Je voulais changer du registre qu’on me connait. De la haute couture, je suis allé au prêt-à-porter », précise-t-il. Spécialiste de la tenue de soirée et la robe de mariée, le créateur est en train d’amorcer une métamorphose dans sa ligne. A côté du prêt-à-porter, il y a également une déclinaison masculine de la nouvelle collection. « Je fais maintenant hommes », assure-t-il.


Depuis son installation en 2013, Modeste Ba ne cesse de gravir les échelons. Il l’a prouvé à plusieurs occasions comme Afrik Fashion Show, Nzassa Mode Festival ou MASA à Abidjan, Conakry Fashion Week, Mercedes Fashion à Accra et Koumassi Fashion Week au Ghana, Festival de la mode du Mali ou Folie de mode à Ouagadougou. « Quand on fait un boulot, on part de A à B, de B à C et ainsi de suite. A chaque fois, j’évolue dans ma méthode de travail au fur et à mesure que j’avance. J’essaie toujours de m’améliorer. J’aime bien jeter un coup d’œil en arrière pour mieux aller de l’avant. D’un constat général personnel, je peux dire qu’il y a de l’évolution dans ma carrière », soutient Modeste en guise de bilan. En se projetant dans l’avenir, il espère ouvrir une boutique et changer d’adresse car il trouve que son atelier de Marcory Groupement Foncier est un exigu. « Je me bats pour aller le plus loin possible dans mon travail. Je veux aussi contribuer à faire avancer la mode africaine », espère le créateur.

Malheureusement, Modeste Ba va devoir revoir ses ambitions à la baisse à cause la pandémie du nouveau coronavirus qui est en train de déjouer tous ses plans. « On ne pensait pas à une maladie qui pouvait toucher tout le monde à la fois dans le monde entier et s’installer dans la durée. C’est à nous de changer notre manière de vivre et de prendre soin de l’environnement. C’est difficile mais je pense qu’on peut y arriver. Sur un plan strictement personnel, mon programme annuel a pris un coup. Je suis obligé de mettre tout en stand-by en attendant qu’on bloque l’invasion de la covid-19 », regrette-t-il.

Avec le mental d’acier qui le caractérise, Modeste pourra faire face à ce contretemps. En prenant exemple sur ses devanciers, le styliste construit sa carrière sur ses propres idées. « Je suis toujours rester dans ma peau mais ce sont des personnes que j’admire et je prends comme exemple. Mon combat est d’être connu dans tout le monde entier. J’y vais à ma manière en accomplissant ce que j’ai toujours rêvé de faire », dévoile-t-il.


C’est en 2015 qu’il sort sa première collection baptisée ‘’Or, femme d’Eburnie‘’ et qu’il présente au défilé Génération montante d’Afrik Fashion Show à Abidjan et à Conakry Fashion Week. Après, ont suivi les collections ‘’Madame Grèce’’ et ‘’Ballerine’’. « A chaque collection, j’essaie de revivre mon enfance. J’ai imaginé la finesse des danseuses de ballerine que j’ai reportée sur mes créations », explique-t-il. Au fil des années, il est devenu un créateur accompli qui vogue entre classique et extravagance. Les lignes fluides de ses créations sont soutenues par des finitions impeccables.


Fils de couturière, Modeste Ba N’Guessan se frotte très tôt aux étoffes et à la machine à coudre. Plus tard, il rejoint son oncle, lui aussi couturier à Yamoussoukro. Ce dernier lui inculque les B.a.-ba de la profession. Le déclic arrive cependant quand Modeste regarde un numéro de l’émission ‘’Tendance’’ consacrée à la mode à la télévision ivoirienne. Il décide d’en faire son métier.

Il a la main mais il n’a pas encore la perfection. Il va donc parfaire sa connaissance du métier chez son idole, le créateur Habib Sangaré installé Abidjan. Après trois ans, il prend son indépendance et s’installe en 2013 à Marcory Groupement Foncier à côté de l’institut national de la jeunesse et des sports (UNJS).

Par Waly Do

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