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Festival Le Moussem de Tan-Tan (Maroc) À la découverte du Sud-ouest marocain et du Sahara atlantique

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Chaque année, entre mai et juillet, la région aux portes du désert et embrasse l’océan, au Royaume chérifien abrite depuis 16 éditions, le rassemblement consacré à la promotion d’un patrimoine immatériel des peuples nomades, mais aussi, universel et multiséculaire.

Le Moussem de Tan-Tan (ville et chef-lieu de région éponyme du Sud-ouest du Maroc), classé «chef d’œuvre du Patrimoine oral et immatériel mondial » par l’Unesco, depuis 2005, rassemble chaque année les tribus nomades du Sahara. Toujours placé sous le Haut-patronage de Sa majesté le Roi Mohammed VI, le festival fait partie de l’agenda officiel de l’Office national marocain du tourisme (Onmt). C’est un évènement organisé par la Fondation Almouggar, et placé sous le signe et la thématique de «Le Moussem de Tan-Tan, un facteur de rayonnement de la culture hassanie».

Patrimoine hassani : art et artisanat, chevaux et dromadaires…
Au menu du festival, l’on note diverses activités patrimoniales, culturelles, sportives, artistiques et socio-économiques. Avec, en prime, l’installation de tentes thématiques et l’organisation de spectacles folkloriques, notamment des courses de méharis et équestres, des séminaires et des soirées artistiques et musicales. Cette manifestation donne lieu, en outre, à un carnaval avec la participation des troupes locales, nationales et internationales, ainsi qu’une exposition de photographies historiques et des soirées dédiées à la poésie.
Témoin vivant des coutumes et traditions, le Moussem offre l’opportunité d’assister aux « Tburidas », courses de chevaux et dromadaires, aux rencontres musicales, chants et danses, à la présentation de l’artisanat, des plantes médicinales, et autres aspects intéressants de la culture locale, notamment un circuit touristique permettant de découvrir la région, avec, entre autres, l’oasis de Ouin Medkour, le port de Tan-Tan, Oued Chbika, et autres sites aussi insoupçonnés que rares. Avec, à la clé, une parade des peuples du Sahara qui compte plus de trente tribus du Sud-ouest du Maroc et d’autres peuples nomades du Nord-ouest de l’Afrique. Entre déclamations poétiques, partitions musicales et artisanat, les touristes pourront découvrir les fantasias équestres à Tan-Tan.
Le festival est aussi l’occasion de découvrir le savoir-faire architectural, notamment en matière de confection de tentes au luxe à faire pâlir des palaces 5 étoiles.


Au hasard de notre incursion, sous une tente marron, une femme aux mains décorées au henné s’affaire, assise devant un petit feu pour la cuisine. Une autre balance lentement d’avant en arrière une outre de peau pour faire du beurre. Dans la tente d’à côté, un vieux bijoutier se bat avec un maigre soufflet contre le vent de sable qui recouvre bracelets et bagues d’argent. Pendant cinq jours, des centaines de nomades sahariens – maliens, nigériens, sénégalais, mauritaniens et marocains – avec des milliers de dromadaires et de chevaux, posent ainsi leurs bagages à Tan Tan (800 km au sud-ouest de Rabat) pour célébrer et faire vivre et connaître leur culture.


Dans la pénombre des tentes, on aperçoit des « hommes bleus » allongés sur des tapis en train de siroter du thé, très fort. Le vent sableux amène régulièrement blatèrements de dromadaires, youyous de femmes, hennissements de chevaux. Le campement est entouré de collines aplaties. Sur le flanc de l’une d’elles, la maigre végétation a été rasée par endroits pour former une inscription géante : « Allah, la patrie, le roi. »

Durant le Moussem, hommes et femmes d’une trentaine de tribus rivalisent : beauté, danse, vitesse, chants. Aux mélopées hassani (dialecte du Sud marocain) répondent des chants de nomades venus du Mali ou du Niger. À de longilignes danseurs nigériens maquillés succède une jeune Marocaine, les cheveux tressés couverts de petites perles, qui danse à genoux, au rythme d’obsédantes percussions. Les anciens discutent et rendent des arbitrages, les enfants apprennent à psalmodier le Coran, les jeunes se marient parfois. « Ce festival est un mélange de sacré et de profane. Pendant cette rupture de l’errance, le moi devient le nous », explique Abbes Azzouzi, ancien directeur de l’Office national du tourisme. Dans ce grand brassage saharien, les nomades partagent ainsi cinq jours durant cultures et traditions. Tel ce Marocain buriné qui sous sa tente propose sa pharmacopée arrachée aux sables : entre lézards et hérissons séchés et aplatis, il expose graines, poudres, racines dans des dizaines de bocaux et coupelles posés à même le sol. Mais si un touriste lui demande quelque chose pour soulager des douleurs aux genoux, il sort tout de même de son grand boubou bleu pâle… un téléphone portable dernier cri pour échanger les numéros.

Paix et tolérance, version oasis du désert

A l’origine, ce festival était une réunion, spontanée et régulière, des populations autour d’un puits, vers le mois de mai pour une longue semaine.Il demeure un témoignage éloquent et unique de la richesse et de la diversité du patrimoine culturel des nomades au Sahara. Ce rendez-vous annuel symbolise la paix et la tolérance, et constitue un important centre d’échange culturel et économique entre les tribus de la région. Au-delà de la joie des retrouvailles et autres activités festives et commerciales, il permet également aux notables et dignitaires des tribus de débattre de sujets afférents à leur vie et à la solidarité sociale.

Ces dernières années ont consacré la notoriété, la renommée et la reconnaissance du Moussem, marqué notamment par la présence de nombreux invités prestigieux, parmi lesquels d’éminentes personnalités du monde de la culture, des arts et du cinéma, des sciences et des médias, ministres, ambassadeurs, enseignants-chercheurs, membres d’associations de renommée internationale …qui ont participé aux festivités sur la Place de la Paix et de la Tolérance, épicentre du Festival.
ADAM SHALOM

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